CHATEAUGIRON - RENNES (35) - JOSEPH-PIERRE CROSSON, CURÉ (1764 - 1794)
Joseph - Pierre Crosson , fils de Julien Crosson et de Perrine Rublon , naquit à Châteaugiron le 11 mai 1764.
Il fut tonsuré en 1784 et ordonné prêtre le 20 septembre 1788 par Mgr l'Evêque de Saint- Malo .
M. Joseph Crosson, curé de la paroisse de Corps-Nuds, saisi à Noyel-sur-Seiche, dut son arrestation à l'hypocrisie d'un misérable
Ce scélérat [Pierre Mériel de la commune de Vern], cet individu, dont on peut dire qu'il est resté scélérat en cessant d'être chouan, s'occupait de découvrir les prêtres et de les faire saisir. Il venait, dit-on, d'en tuer un dans les environs de la Guerche, et s'était revêtu de ses habits pour mieux tromper, lorsqu'il entra dans la maison où M. Crosson se tenait caché. Il commença d'abord par faire de grands signes de croix, qui inspirèrent de la confiance à la femme à laquelle il s'adressa pour connaître le refuge du prêtre. Sa ruse, dans ces circonstances, était de se donner tantôt pour un jeune homme près de se marier et qui voulait se confesser, tantôt de s'annoncer comme prêtre caché lui-même et qui désirait parler à son confrère, qu'on lui avait dit devoir se trouver dans ce lieu.
Les gens, qui ne le connaissaient pas, le croyaient sur parole, et l'introduisaient à la cachette de M. Crosson, celui-ci, qui était son cousin et qui n'ignorait pas sa conduite perfide, eut d'abord, par un premier mouvement, la pensée de se défendre et lui mît la main au collet ; mais le traître appela aussitôt les gens qu'il avait apostés ; ils se saisirent de M. Crosson et l'emmenèrent à Rennes, en l'accablant de coups et d'outrages pendant tout le chemin.
Il fut mis à mort le 29 messidor an II (17 juillet 1794) avec trois autres prêtres réfractaires. Joseph-Pierre Crosson avait 30 ans.
Cette sanglante exécution eut lieu un jour de foire et dans le champ de foire même, sans doute afin que tout le monde pût apprendre ce nouveau triomphe de l'impiété sur la religion. Mais le peuple des campagnes de Rennes était trop chrétien pour n'en être pas vivement et péniblement affecté. Lorsqu'on sut que c'était pour faire périr des prêtres que la guillotine était dressée, tout le monde se dispersa et l'on ne s'occupa plus de la foire.
Histoire de la persécution révolutionnaire en Bretagne à la fin du XVIIIe siècle par l'abbé Tresvaux du Fraval - Tome II - 1892
Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne - 16e année - Tome XVI - 1er janvier 1935 - p. 85.
Archives municipales de Rennes - Registres d'état-civil
AD35 - Registres paroissiaux de Chateaugiron.